Quel est le comble du cynisme ? Le système éducatif français ! Pourquoi ? Parce qu’il est un bastion socialiste et qu’il est réfractaire à la réforme alors qu’il défavorise les enfants des milieux défavorisés. Il faut dire que la dernière livraison de statistiques confirme le sinistre. Finalement, cette blague n’est pas drôle du tout.
* millieux intellectuels non autorisés = qui ne sont pas de gauche
Que ce soit via le classement (certes controversé) de Shangaï ou suite aux dernières études comparées européennes, l’éducation nationale se retrouve encore une fois sur le banc des accusés. Mais le pire des indicateurs est ce fameux « descenseur » social . Depuis la dernière guerre mondiale, jamais un tel phénomène n’était apparu en France.
En effet, coup sur coup, deux études sociologiques mettent en exergue un constat effrayant : la probabilité qu’un enfant français fasse mieux que ses parents, d’un point de vue sociologique, est inférieure à 0,5 (si vous êtes jeune et que vous comprenez cette assertion, vous êtes sûrement d’un milieu favorisé). En d’autres termes, sur une classe d’âge, moins de la moitié des enfants se retrouveront à un niveau social «supérieur» à celui de leurs parents. Plus de la moitié ne feront pas mieux, voire redescendront sur l’échelle sociale. Bien sûr, les thuriféraires de l’éducation à la française diront que ce phénomène est purement économique, totalement du à l’accroissement du chômage et de l’exclusion, et n’entache en rien la crédibilité de l’école et de l’université de notre pays. Et bien non, ce n’est que partiellement vrai. Car quelque soit le niveau de croissance et d’emploi, si le système scolaire était vraiment fluide et donnait sa chance aux meilleurs, l’ascenseur social continuerait de fonctionner du simple fait qu’il y a des enfants potentiellement doués dans tous les milieux. La famille nucléaire étant par la force des choses très inégalitariste (les potentialités ont plus de possibilités de s’épanouir dans les milieux à haut niveau d’éducation, le phénotype ayant toutes les probabilités de se rapprocher du génotype dans ce cas là), comment espérer la moindre redistribution sociale si, au lieu de le compenser ne serait-ce que partiellement, le système éducatif exacerbe cet inégalitarisme et enfonce le clou à jamais ? Les fils d’ouvriers resteront des parents d’ouvriers, les fils de patrons resteront des parents de patrons, etc… Et les « miraculés » de Pierre Bourdieu seront de plus en plus rares.
Pour paraphraser Claude Levy-Strauss et son structuralisme, on pourrait dire que le système éducatif français est exactement ce que ses enseignants et syndicats en ont fait, le résultat final étant l’exacte matérialisation du but recherché. Ce résultat, affligeant, soulève bien évidemment une question cruelle : le socialisme à la française serait-il misérablement élitiste et sectaire ? Mènerait-il à une société de classes sociales fossilisées ? Le socialisme à la française serait-il l’allié non avoué du déterminisme social et le bras armé des classes dominantes afin qu’elles se reproduisent sans aucune concurrence ?
Voulez-vous une preuve irréfutable de cette imposture ? La voici : le système éducatif français, en comparaison des autres systèmes européens, apparaît comme un système qui privilégie les meilleurs élèves d’une classe, au préjudice des moins bons. Il fonctionne également de manière très hiérarchique, et est peu enclin à favoriser l’expression de chacun et les échanges. En un mot, il est profondément élitiste. Est-il besoin de le rappeler, « élitiste » signifie l’inverse de « social »…