Comment redresser la barre dans les sondages, et rectifier une haine populaire et viscérale de très mauvais aloi un an avant les prochaines présidentielles ? Donner plus, distribuer, faire preuve de générosité, bref parler comme un socialiste français. Telle est la règle, le centre de gravité politique du pays (voir l’article « Cartographie politique »), la norme, la condition sine qua none pour ne pas passer pour un ultralibéral (donc un néo-facho, sans cœur, voire un pétainiste comme aime à le suggérer la gauche française lorsqu’elle tente d’exclure quelqu’un)… Ainsi le Président affiche t-il sa fermeté quand au versement d’une prime aux salariés lorsque l’entreprise qui les emploie distribue des dividendes ou encaisse de beaux bénéfices…
Comme l’électeur moyen (très moyen d’ailleurs, encore merci au philosophe Peter Sloterdijk) ne comprend pas tout, et vote pour le mieux disant, de tels propos peuvent faire basculer les gogos et certains indécis. Mais pour les électeurs qui savent, la mesure aux contours socialistes (encadrer les salaires, maman, le spectre de l’économie administrée est de retour) qui ne devait être dans ses modalités qu’une incitation fiscale, sera finalement obligatoire, mais d’un montant dit « négociable », et en l’absence d’un montant minimum imposé, Dieu en soit loué car les entreprises conservent toute latitude (sinon, l’Etat aurait-il épluché tous leurs bilans et comptes d’exploitation pour décider à leur place le montant des bonus ?).
Dans cette histoire, le grand perdant sera une fois de plus la démocratie car celle-ci ne peut fonctionner qu’avec des sujets informés et compétents, et non pas des gogos. Faire accroire que l’on peut distribuer plus d’argent et qu’il suffit que le Président le demande conforte les électeurs les moins férus d’économie dans une naïveté tout aussi intellectuelle que politique. La création de richesse et le partage des revenus est un processus très complexe, qui fait intervenir des tas d’acteurs et pas seulement les vilains-patrons-qui-ne-cessent-de-licencier et les actionnaires-voraces-gloutons-rapaces-goinfres-cyniques. Cette ignorance des mécanismes économiques est hélas une tradition française, une enquête fin 2010 l’a d’ailleurs rappelé grâce à un questionnaire pourtant très basique, auquel les français ont obtenu un score moyen pas très reluisant…
Quand aux mesures pour relancer l’emploi et la compétitivité du pays (qui se détériore lentement mais surement depuis 20 ou 30 ans), elles sont plus du côté de la flexibilisation du marché du travail (les barrières au licenciement dissuadent de recruter), la réforme de la représentation syndicale (pour le moment, c’est une dictature FO/Sud/CGT qui la plupart du temps impose ses positions corporatistes aux français non fonctionnaires), la réforme du droit du travail (y compris le droit et les devoirs des chômeurs), la réforme de l’enseignement et de la recherche, une politique industrielle volontariste, etc… car la France n’est pas seule au monde… Mais comment expliquer cela à l’électeur moyen nourri depuis des lustres aux vieilles lunes étatiques et aux promesses populistes de lendemains doucereux ?
Positivons plutôt : le lieu de cette annonce aux apparences étatiques était particulièrement bien choisi par le Président : une usine métallurgique « La Fonte ardennaise », à Vrigne aux Bois… L’auteur de ces lignes n’a pu résister au jeu de mot du titre. Il ne manquait plus que « la fonte des derniers espoirs libéraux ». Voila qui est fait.
28 avril 2011 9 h 12 min
L’auteur aurait-il été touché par la grâce ?
Il trouve, ENFIN, que le (petit) président s’est beaucoup employé à faire du populisme quant à ses dernières « pensées » (et volontés).
Plus qu’un an, et on pourra enfin lui dire : « Casse-toi, pov’con, et Repose en paix »…
28 avril 2011 11 h 42 min
La personne à qui le Président a dit « casse toi etc… » le méritait. Refuser une poignée de main du président, c’est suivre bêtement cette haine moutonnière qui n’a pas de raison véritable. Et c’est également suivre les sirènes des critiques ad hominem que la gauche déclame depuis l’élection présidentielle, comme si on était dans un troisième tour. La démocratie démarre par le respect des politiques élus dans les urnes par la majorité. La seule erreur du Président aura été de dire ce qu’il pensait à ce misérable citoyen manipulé. Mais cela ne me dérange pas du tout, je ne suis pas un conservateur comme toi qui veut élire non pas un réformateur, mais un physique de roi tranquilisant et lénifiant (pour ne pas dire léninifiant, car avec toi, on peut avoir des doutes quant à tes motivations profondes) !
29 avril 2011 17 h 29 min
Pas mal le coup du leninifiant 🙂