« Histoire de l’Art » de Elie Faure, en 5 volumes, est une superbe somme qu’ingurgite tout étudiant qui se respecte, tellement ce livre exsude les beaux sentiments. L’art africain y est bien évidemment défendu brillamment, sans doute en avait-il besoin ? Une phrase forte et réputée, attribuée à cet auteur, résume à quel point cette tentative de redresser un système de valeur probablement trop fermé à l’endroit de ce qui n’était pas occidental, et d’expier cette culpabilité postcoloniale devenue si compulsive, a conduit vers des postures caricaturales, sans nuance, et partiellement fausses. Cette phrase est la suivante : « Il y a autant d’Art dans une statuette africaine que dans le plafond de la chapelle Sixtine ».
Il est évident que porter un jugement de valeur détaillé sur des notions telles que la quantité de travail, le niveau de professionnalisation et d’organisation ne serait-ce qu’en fonction notamment du nombre d’artistes impliqués, de la combinatoire en matière de perspective et de volumes d’un plafond sphérique ou encore du nombre de teintes et d’outils utilisés amène indubitablement à hiérarchiser en faveur de la chapelle Sixtine. Sans dévaloriser la statuette africaine, que l’on peut d’ailleurs préférer à ce plafond (ce qui est mon cas en plus !), oser hiérarchiser de telles choses est politiquement incorrect ! Il semble évident que cette sentence de Elie Faure part d’un trés bon sentiment, noble et généreux. Mais elle n’est que morale à l’usage du Bien…