19 Avr 2017

Présidentielles : un révélateur sans fard

Category: Leaders (politicards),Société (pervertie)Léo @ 11 h 19 min

 

Ces élections présidentielles de 2017 ne sont pas les plus belles que nous ayons connues. Elles révèlent sans fard un pays qui s’épuise dans des conjectures brouillonnes et ne se préoccupe même plus de l’essentiel. Un peu à l’image des passagers d’un paquebot en train de prendre l’eau, qui s’intéresseraient aux travers de l’équipage, au lieu de se passionner pour les canots de sauvetage.

Ce ne sont pourtant pas les électeurs qu’il faut blâmer, et le résultat des urnes nous réserve à coup sûr des surprises. Les grands coupables de cette campagne pitoyable sont ailleurs. Ce sont ceux là-même qui ont tout fait pour orienter le choix des citoyens, pour masquer les erreurs de la classe politique au pouvoir, et pour nous détourner des enjeux : le gouvernement socialiste et la sphère médiatico-politique.

Le gouvernement socialiste, dissimulateur de son incompétence par tous les moyens

Parce qu’il a non seulement sabordé notre économie en pleine période de reprise généralisée, mais tout fait pour le dissimuler, le gouvernement socialiste est le premier des fautifs. Il semble d’ailleurs avoir déployé beaucoup plus de zèle pour diligenter une enquête au moment idéal afin de dézinguer le candidat honni, celui de la droite républicaine d’inspiration libérale, que d’avoir osé tenter un Bad Godesberg qui aurait été tardif mais ô combien salutaire.

De tels ratages sont rares dans l’histoire récente, qui auront vu un gouvernement :

  • générer plus d’un million de chômeurs supplémentaires (certainement plus d’un million et demi si l’on rajoute les 500 000 sans emplois astucieusement enregistrés en formation) contre une baisse de respectivement 400 000 et 500 000 en Angleterre et en Allemagne pendant la même période (excusez-du peu),
  • rendre précaires 500 000 emplois de plus alors qu’aucune détérioration ne s’est produite chez nos deux voisins.

Et comme si ces tristes résultats ne se suffisaient pas à eux-mêmes, ce gouvernement a réussi la gageure de les obtenir tout en augmentant fortement la pression fiscale (merci E.Macron, alors conseiller sur les questions de fiscalité), ceci sans même avoir réussi à interrompre l‘accroissement de la dette de l’Etat. Il s’agit bien évidemment du comble de l’échec, une sorte d’acmé du ratage, un summum dans la débâcle, un point climax de l’insuccès qu’il faut savoir saluer à sa juste valeur.

Avouer cela n’a rien de militant ni de sectaire : le gouvernement socialiste a fait la preuve avec constance et détermination d’une incompétence totale. Où est passé l’argent de nos impôts ? Il s’est volatilisé dans un incroyable gâchis qui n’aura servi à rien, si ce n’est à permettre à ce gouvernement d’idéologues de survivre tant bien que mal pendant la durée d’un quinquennat. En matière de sécurité, le bilan est tout aussi lamentable, avec un nombre de victimes sur le sol français inimaginable, tandis que les dégâts de nuit debout sont restés impunis, en plein état d’urgence !

Il ne fallait certes pas s’attendre à ce que les auteurs d’une telle catastrophe s’excusent auprès des français et changent illico de métier. Ce n’est pas le genre : E.Macron postule même pour la candidature suprême, toute honte bue. Mais n’est-ce pas indécent vis-à-vis des électeurs ?

Une gauche en proie à ses démons habituels

Toutefois, ce désastre est tellement encombrant pour la gauche qu’elle s’est sentie acculée, ce qui a déclenché les réactions en chaîne suivantes :

-l’implosion d’un PS tiraillé entre des indignés quasi communistes, totalement déconnectés du contexte mondial, et la ligne soit disant réformatrice mais qui n’a jamais rien réformé du tout, celle de M.Valls et de E.Macron, tous deux victimes de leur manque de courage pour nommer les problèmes et imposer les recettes libérales qui s’imposaient.

-l’empressement du Parquet National Financier qui a mis en examen F.Fillon seulement quelques heures après la publication d’un article du Canard enchaîné lui-même paru au lendemain de sa victoire à la primaire, alors qu’il faut habituellement des mois à ce genre de procédures.

On imagine sans peine le blessure cuisante de la gauche qui, se sachant reconnue incapable de gérer notre pays, et ulcérée par la belle tenue des primaires républicaines, tente de se rattraper par tous les moyens. La hâte du PNF était telle (on devine la gourmandise de sa présidente, personnalité particulièrement triée sur le volet idéologique par F.Hollande lui-même) qu’il a commis des erreurs incompatibles avec sa mission. N’a-t-il pas transmis les PV d’entretiens aux médias et non pas aux avocats de la défense ? N’a-t-il pas ensuite calqué son calendrier sur celui du candidat des Républicains afin de le détruire en plein vol ? Ces actes sont parfaitement illégaux. Selon l’appel des treize juristes, cette manœuvre visant à éliminer le candidat de la droite républicaine constituerait une violation de la constitution et des règles les plus élémentaires de la démocratie.

Ce coup tordu (que peu de médias se sont aventurés à commenter) n’en est pas moins terriblement périlleux pour autant. Il jette en effet le trouble sur un PNF dont la fonction première est de faire respecter le droit en toute indépendance. Enfin, il fait prendre au pays tout entier le risque de voir émerger une Présidente de l’extrême droite, au programme économique aussi dangereux que celui de J.L.Mélenchon ou de B.Hamon. A croire que les auteurs à l’origine de ce traquenard se fichent totalement des possibles dégâts collatéraux.

Des médias totalement mithridatisés au poison étatique

Depuis que les journalistes ont été annexés dans leur quasi-totalité (74%) par le pouvoir socialiste, classe politique et classe médiatique ne font plus qu’une. Il est bien sûr très loin le temps où les médias défendaient la réalité des faits, et constituaient, lorsque cela s’avérait nécessaire, un contre-pouvoir indépendant pour le plus grand bonheur des citoyens.

Pendant ces présidentielles, c’est exactement l’inverse qui s’est produit, avec des journalistes qui ont dans leur grande majorité :

-traité E.Macron comme le messie des temps nouveaux, celui qui allait miraculeusement nettoyer le pays des sempiternels clivages droite/gauche voire étatique/libéral,

-considéré F.Fillon comme un candidat corrompu qui n’aurait pas du maintenir sa candidature et qui tente de se récupérer, au mépris total de la présomption d’innocence (car c’est à la justice de se prononcer) et au mépris total des électeurs qui l’ont adoubé lors de la primaire.

Ces journalistes ont également couvert la campagne des huit candidats gauchistes avec une bienveillance toute maternelle, oubliant la dangerosité et le côté frappadingue de certaines des mesures qu’ils proposent à grand renfort de moulinets et de trémolos moralisateurs.

Que dix candidats à la présidentielle sur onze soient de gauche est déjà en soi considérablement éloquent et grave. Cela aurait nécessité au minimum quelques éclaircissements. Que neuf parmi ces onze soient carrément des apprentis sorciers aux programmes démentiels aurait dû à coup sûr déclencher des réactions de salubrité publique et susciter quantité de débats alarmistes, dans un pays comme le nôtre qui n’est plus très loin du défaut de paiement, et dont la compétitivité s’effondre jour après jour depuis une trentaine d’années.

Ainsi, face à des circonstances que l’ont peut qualifier de sérieuses, et qui auraient justifié une fronde médiatique, l’aveuglement journalistique a dépassé les limites du supportable. En l’occurrence, il ne s’agit même plus de neutralité, mais d’inconscience, si ce n’est de complicité. Au lieu de s’offusquer, d’alerter les citoyens, la plupart des journalistes se sont montrés dociles, serviables, compassionnels même, comme s’il fallait laisser s’exprimer les délires clownesques de nos bons vieux gauchistes, sorte de folklore local qu’il est interdit de dénoncer. Comme si, de guerre lasse, à force de doses quotidiennes de plus en plus intenses, les commentateurs étaient mithridatisés aux folies planistes les plus scabreuses. Comme s’il fallait endormir toujours plus le peuple contre la réalité économique mondiale libérale, c’est-à-dire honnie.

Telle est la réalité crue de cette campagne monstrueuse : les deux seuls candidats qui auront suscité le rejet des plumitifs et des présentateurs de l’audio-visuel auront été ceux qui ne sont pas officiellement de gauche : F.Fillon et M.Le Pen !

Des journalistes au fétichisme sondagier aussi compulsif que naïf 

Ces journalistes se sont également fait berner comme des enfants de chœur en commandant, compulsant et prenant au sérieux des sondages quasi quotidiens, dans une surconsommation aussi inutile que fallacieuse. Faut-il encore une fois rappeler que les sondages ne servent à rien puisqu’ils ne font que mesurer l’état de l’opinion à l’instant donné, et n’ont aucune valeur prédictive. Ils sont même systématiquement trompeurs car :

-répondre un ou deux mois avant les élections n’est en rien similaire à se prononcer en situation de vote c’est-à-dire le jour même voire la veille

-le buzz médiatique est tellement orienté que les répondants se laissent porter par lui tant qu’ils ne sont pas en situation de vote

-les résultats des intentions de vote ne sont même pas pondérés selon que les répondants sont certains ou pas de leur choix voire de se déplacer le jour de l’élection. Ils sont donc servis avec d’énormes biais statistiques.

Ainsi, après des semaines de conjectures qui ont fait que tel ou tel candidat a été enterré une vingtaine de fois, et que tel autre a gagné autant de fois le jackpot, on découvre, comme chaque fois d’ailleurs, que les écarts entre les premiers d’entre eux ont volé en éclat dans la dernière semaine d’avant le premier tour. Tant d’énergie gaspillée à parler pour ne rien dire, à commenter des intentions qui n’en sont pas, et à conclure faussement et naïvement sur la victoire ou l’échec de tel ou tel candidat, tout cela est désespérant… A croire que la plupart des commentateurs n’ont aucune compréhension de la société humaine. A croire qu’il préfèrent ce babillage aux questions de fond. A croire qu’ils ne savent même pas à quel point la France souffre de problèmes sociaux et économiques graves…

Des politiciens capables de tout sauf d’affronter le buzz

Du côté des hommes politiques, le tableau n’est pas brillant non plus, avec une droite républicaine qui n’a pas réussi à oublier ses querelles d’égo. Après quelques atermoiements qui laissaient craindre le pire, celle-ci a quand même pris acte du maintien de la candidature de F.Fillon. Mais son soutien n’a pas été exemplaire, loin s’en faut, comme si le fait que le seul programme potentiellement efficace ne soit pas celui choisi par les électeurs importait finalement assez peu. Le redressement du pays ne serait-il donc qu’un détail accessoire ? Une affaire personnelle d’un candidat un peu plus maniaque que les autres ?

Quant à la longue liste des désistements dans l’entourage dudit candidat républicain, elle nous en apprend beaucoup sur la capacité de ces politiques à prendre des risques, à rester fidèle à des idées, et à avoir la capacité d’affronter le buzz médiatique et les sondages. Les B.Le Maire et T.Solère pour ne parler que des plus connus ne nous ferons pas croire qu’une mise en examen a transformé leur poulain en bandit de grand chemin. Visiblement, affronter les fourches caudines politico-médiatiques nécessite d’avoir les nerfs solides. Ces hommes-là ne seraient-ils que des craintifs arcboutés sur leur carrière à court terme ?

 

Tel est le spectacle affligeant que la France donne d’elle-même dans ces présidentielles ô combien révélatrices. Mais il reste un espoir, un véritable espoir. Il se tapit, comme chaque fois, dans l’isoloir.

Laisser une réponse