Beaucoup d’analystes déplorent la montée du populisme un peu partout, suite aux élections en Italie avec l’humoriste Bepe Grillo, aux Etats Unis avec Donald Trump et son franc-parler, en Angleterre avec la victoire du Brexit sur fond d’inquiétudes face à l’immigration, et bien sûr en France, avec la montée des extrêmes, Front National et ultragauches comprises.
Pourtant, quelque chose de différent se produit dans l’hexagone qui s’ajoute certes à cette flambée populiste que l’on constate dans plusieurs pays, mais qui ne ressemble pas à ce qui se passe ailleurs. Bien qu’ancienne, cette spécificité propre à l’hexagone est d’autant plus inquiétante qu’elle continue de se développer : il s’agit de la disparition progressive du débat démocratique, du fait de l’envahissement de l’espace politique et médiatique par la noosphère socialiste. Pour résumer, les idées étatistes, altermondialistes, écologiques et tiers-mondistes qui caractérisent cette noosphère socialiste s’acheminent lentement mais sûrement vers une situation de monopôle pur et dur.
La preuve formelle de ce glissement des idées sociétales en direction de la partie gauche du spectre politique, tient en ces quelques constats effarants :
-un seul candidat sur les onze qui se sont présentés à la présidentielle proposait un programme économique d’inspiration libérale
-en d’autres termes, dix candidats sur onze du premier tour se recrutaient entre le socialisme soft du gouvernement actuel (Macron) et l’extrême gauche économique (Mélenchon, Le Pen, Poutou et compagnie)
-neuf candidats sur onze étaient donc d’extrême gauche ou apparentés
Ce rétrécissement de l’offre électorale sur à peine plus de la moitié gauche du spectre politique (le libéralisme de Fillon étant relativement tempéré) est non seulement flagrant et forcément néfaste pour notre pays sur-étatisé, mais il est paradoxalement voulu, cultivé et institutionnalisé par la sphère politico-médiatique.
Pire encore, le milieu des faiseurs d’opinion et des leaders politiques passe une énergie considérable à tenter de réduire encore un peu plus cette offre à la seule moitié gauche de l’espace, comme si les excroissances sur la partie droite, qu’elles soient modérées (F.Fillon) ou extrêmes (M.Le Pen) devaient disparaître. Là aussi, il existe une preuve irréfutable de cette chasse réflexe à ce qui n’est pas encore passé à gauche : la façon dont les deux candidats récalcitrants (de droite) ont été traités par les médias et les hommes politiques pendant cette campagne d’une violence rare.
Ainsi, ces élections ne se caractérisent pas seulement par une poussée populiste, c’est-à-dire provenant de la base, mais par une poussée contraire, provenant du sommet de la société, visant à accroître toujours plus la maîtrise de la noosphère socialiste sur la vie du pays.
Bien évidemment, les résultats du premier tour attestent de cette mainmise, qui voient sélectionnés pour le second tour l’ancien conseiller puis ministre du gouvernement socialiste de F.Hollande, malgré les résultats historiquement mauvais de celui-ci, et le Front National au programme économique proche de celui de Mélenchon… Le choix se résume tristement à ces deux options : l’extrémisme étatique du Front National (assimilable dans ce cas à l’extrême gauche) ou le socialisme dans la continuité de F.Hollande.
Une poussée populiste à décourager l’idéalisme démocratique
Le programme de Hamon, basé sur des dépenses inconsidérées, et totalement démuni de la moindre mesure visant à restaurer nos finances et notre compétitivité, est une insulte au principe de réalité. Mais il n’est pas le seul : celui de Mélenchon comme celui de M.Le Pen, finalement assez proches, sont un méli-mélo de vieilles lunes étatiques et de recettes faussement efficaces de nature à démoraliser les citoyens économiquement lucides.
Le programme de B.Hamon a certes moins séduit, mais les résultats du premier tour montrent clairement la puissance de telles promesses démagogiques, capables de mettre la France au tapis en un temps très court : en quelques semaines avec M.Le Pen, en trois mois avec J.L.Mélenchon (selon les sources concordantes de l’Ifrap et de Rexecode, notamment).
Ainsi le cumul des voix obtenues par les programmes d’extrême gauche ou apparentés représente à peu près la moitié des scrutins ! Ayons le courage de l’avouer : dans une démocratie que l’on dit encore « avancée », de tels résultats sont la signature indéniable :
-d’une dégradation de la relation des citoyens à la classe politique, ainsi que l’indiquait l’enquête Cevipof avec un niveau de défiance record de 87% vis-à-vis des gens qui nous gouvernent (Le Point 21/01/16) ! De plus en plus d’électeurs votent pour des candidatures antisystème, quel que soit l’aspect irréaliste ou suicidaire de leurs propositions.
-d’une dégradation toute aussi délétère de la relation des médias au réel économique, avec une écrasante suprématie des vecteurs favorables aux idées de gauche. On se souvient du sondage sortie des urnes avec ce score à la soviétique de 74% des journalistes qui avaient voté F.Hollande. Or, il n’y a aucune raison que ce score diminue, si l’on en croit l’incroyable enquête de Valeurs Actuelles réalisée auprès de plusieurs écoles de journalisme (VA 1/12/16). Des années de culte du keynésianisme et de rejet des solutions libérales sur fond de déni des problèmes sociaux et économiques nous attendent très probablement !
-d’une perte de repères intellectuels et culturels d’une partie de la population. Là, on retrouve le travail de sape systématique de l’Education nationale, qui agit de concert avec les médias depuis les folies de l’intelligentsia d’après guerre… Il est vraiment triste de constater à quel point la célèbre formule « mieux vaut avoir tort avec Sartre que raison avec Aron » est toujours d’actualité. Seuls les noms ont changé… A cela s’ajoute un décrochage que de nombreux sociologues annoncent depuis des années, à savoir une partition de la société entre ceux qui comprennent ce qui se déroule actuellement sous nos yeux, et les « laissés-pour-compte », qu’un géographe nomme « la France périphérique », cette France tenue à distance de la vie économique d’aujourd’hui (C.Guilluy, 2014).
Une domination de plus en plus écrasante de la sphère socialiste
Il faut l’admettre, la domination de la vie politico-médiatique française est de plus en plus puissante. Sa maîtrise est telle qu’elle peut se permettre les pires excès :
Sur le plan médiatique, la dernière couverture de Libération « tout sauf eux » qui montrent Fillon et Le Pen photographiées comme deux persona non grata (Libé 22/04/17), résume parfaitement ce blanc sein dont bénéficie l’ostracisme de ce qui n’est pas labellisé à gauche, et cette omerta vis-à-vis des programmes et des candidats les plus délirants sur le plan économique dès lors qu’ils ne sont pas étiquetés de droite.
Cette couverture de Libération, parmi tant d’autres, n’a pratiquement pas d’équivalent dans la presse diamétralement opposée (ou de ce qu’il en reste). Elle est inacceptable de la part d’un média subventionné par les impôts. Elle fait fi des conséquences des programmes respectifs des candidats et se limite à la seule accusation sur la couleur politique. C’est la définition même du sectarisme. Or, ce sectarisme-là est parfaitement toléré, pour ne pas dire politiquement correct. Il en est de même pour l’Obs qui titre « Tartuffe » avec un photomontage de F.Fillon affublé d’une perruque du XVIIème siècle (l’Obs 08/02/17).
A l’inverse, pour afficher clairement son positionnement de droite, avec pourtant des argumentations un peu plus factuelles (en lieu et place des anathèmes si fréquents à gauche), l’hebdomadaire Valeurs Actuelles est depuis longtemps victime d’une vindicte visant à faire croire qu’il est l’organe de presse du Front National, qu’il est « réac », « facho », etc… En réalité, Libération et l’Obs sont du bon côté, Valeurs Actuelles du mauvais, et pour ce dernier, le point Godwin est de rigueur.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, cet enrôlement des médias semble se poursuivre, si l’on en croit les critiques dont Le Point et BFM TV ont fait l’objet pendant cette campagne, souvent accusés par une frange de leurs abonnés d’assurer la couverture de la présidentielle avec un œil particulièrement bienveillant pour le candidat E.Macron. Si jamais ces tendances se confirmaient, la longue cohorte des médias inféodés aux idées de gauche se verrait enrichie de ces deux supports pourtant reconnus comme proches du réalisme économique et des réformes libérales.
Sur le plan politique, on a vu B.Cazeneuve, premier ministre (en poste) et ancien ministre de l’intérieur du gouvernement socialiste, l’homme qui est tout de même un peu responsable du nombre incroyable de victimes du terrorisme sur le sol français (plus de 200) accuser F.Fillon et M.Le Pen d’exacerber les problèmes d’insécurité et donner des leçons de fermeté ! Un tel abus de position dominante (un premier ministre en poste qui interfère deux jours avant le scrutin pour couler ses adversaires) n’a pas soulevé le moindre tollé dans les rédactions des médias institutionnels.
De même que quelques semaines plus tôt, concernant les attaques judiciaires contre F.Fillon, attaques diffusées par le Parquet National Financier lui-même (qui a communiqué les PV de l’enquête aux médias, mais pas à la défense, ce qui est illégal) et relayées par la plupart des rédactions, celles-ci donnant l’impression de ne pas vouloir déceler la moindre coïncidence suspecte entre la parution d’un article du Canard enchaîné au lendemain de la primaire, et la mise en examen de F.Fillon deux heures plus tard pour des faits qui datent de 20 ans ! Même « l’appel des 13 juristes » n’a pas spécialement secoué la teneur des éditoriaux, le Monde bouclant l’affaire en un simple article contenant une série d’attaques ad hominem à l’encontre de ces-dits juristes, définitivement catalogués comme proches de la droite ou pire même, de Sens commun ou de l’extrême droite (Le Monde 03/17).
Que le Monde titre peu après « François Fillon, Marine Le Pen : même mépris de la loi » (16/03/17) alors que le FN est réellement accusé pour plusieurs emplois fictifs et doit payer des amendes à la Cour européenne tandis que F.Fillon se trouve toujours sous le coup de la présomption d’innocence, tout cela confirme cette même inclination à excommunier le camp d’en face sans la moindre nuance. Idem pour le fait de titrer la semaine suivante que « P.Moscovici s’est fait offrir des costumes de luxe par un « vrai ami » » (Le Monde 21/03/17). Le voici blanchi en un tour de main.
Il n’y a aucune espèce de symétrie entre la gauche et la droite, encore moins entre leurs extrêmes. Et les médias, majoritairement à gauche, ne se refusent rien, que ce soit via les accroches grotesques de Libération et de l’Obs, ou via les titres bien plus subtilement distillés par le Monde.
Cette campagne présidentielle est la pire depuis longtemps. Elle ne nous a pourtant pas été imposée de l’extérieur. Elle est donc l’expression parfaitement fidèle des malaises de notre société, une société qui rejette la classe politico-médiatique en fuyant dans le populisme, tout en étant l’objet d’une pression idéologique de plus en plus envahissante de la part de celle-ci.
5 mai 2017 5 h 00 min
[…] Sur le web […]
5 mai 2017 7 h 53 min
claude merci cet article est la synthèse d’un réel malaise de notre soi-disant démocratie
nous sommes bien sous une idéologie trop forte exacerbée par les médas de tout bord.
c’est avec inquiétude que j’observe que nous sommes
sommes en présence d’un dictact.
et je finis par avoir Peur
très peu de personnes voient le problème.
que pouvons nous faire?
car voyez vous cette façon de penser va conduire tous les gens exclus au Vrai extrême droite dans les années futures
je constate d ailleurs que naturellement bon nombre de jeunes trentenaires éduqués n ‘ont plus de TV chez eux
5 mai 2017 11 h 14 min
Bien d’accord avec vous… Ca devient irrespirable cette atmosphère de dictature
5 mai 2017 19 h 22 min
cette election est la pire qu on est connu ,vivement la fin , en plus on n’ est pas content car pour moi personne ne me représente, donc j espère
qu on se rattrapera aux législatives , et que tout le monde s entendra, car les divisions font perdre nos partis