Un rayonnement intellectuel (les Lumières), une domination militaire (Napoléon) et une envergure coloniale notables ont fait de la France un pays qui a marqué l’Histoire avec un certain panache. Tout ceci est terminé. La France est rentrée dans le rang, le rang d’une terrible banalité, pour ne pas dire médiocrité.
Ce ne sont d’ailleurs pas seulement les dernières guerres, toutes perdues, ou nos parts de marché mondiales, en chute libre, ou encore notre recul régulier en richesse per capita qui témoignent de ce revirement de trajectoire. Il en va tout autant du processus démocratique, complètement à la dérive, preuve criante de l’avachissement de notre société. D’élection présidentielle en élection présidentielle, le pays choisit les mauvais candidats et s’enfonce dans le ventre mou de la régression.
Election de François Hollande, errare humanum est
Rappelons-nous pourquoi un homme si peu taillé pour la fonction de président comme lui a été miraculeusement élu. Pour deux raisons très simples : parce qu’il promettait de prendre l’argent dans la poche des riches, et parce que son adversaire était détesté. Mais au juste, pourquoi Hollande s’était-il retrouvé candidat ? Tout naturellement parce qu’il avait grenouillé parmi le cercle des mitterrandiens puis, grâce au jeu des conflits internes, s’était fait introniser premier secrétaire du Parti Socialiste. Aucune expérience concluante ne pouvait justifier sa candidature, bien au contraire : la mise à sac des finances de Tulle, épisode peu glorieux de sa carrière professionnelle, aurait dû au contraire servir de repoussoir. Et bien non.
Il est inutile de rentrer dans le détail des résultats chiffrés de son mandat de président, son règne se résume à ce constat accablant : la France a été le seul pays qui a décroché par rapport au reste de l’Europe au moment de la reprise économique qui a suivi la crise bancaire. Et non content d’accroître considérablement le chômage et de bloquer la croissance pendant que tout cela s’améliorait chez nos voisins, Hollande a même réussi la gageure d’augmenter les impôts et d’accroître la dette de l’Etat ! Avec pour résultat final un gâchis monumental. Des fortunes et les efforts des contribuables français ont été engloutis dans le terrible broyeur de son incompétence socialiste.
L’intéressé serait-il ravagé par le sentiment d’échec et la honte d’une telle catastrophe ? Que nenni, l’homme se revendique un « honnête président », après avoir pourtant menti sur les chiffres du chômage. Il semble même que l’animal politique prépare son retour, en donnant des interviews à des médias qui, au lieu de le considérer pour ce qu’il est, lui courent après afin de couvrir sa relation avec Julie Gayet ou son sentiment vis-à-vis de son successeur à l’Elysée.
Dans un pays pragmatique et non endormi, Hollande serait probablement mis à l’index, critiqué, conspué. Certainement pas invité sur les plateaux télévisés autrement que pour s’excuser platement de son bilan devant les millions de chômeurs et de pauvres qu’il a envoyés au tapis…
Après la bévue électorale de 2012, la France avait toutefois l’occasion de se ressaisir en 2017. Un espoir était même envisageable car à côté des neufs candidats aux programmes quasi communistes et du candidat socialiste masqué, se présentait enfin un homme politique porteur d’un projet économiquement libéral, construit sur un diagnostic factuel de nos problèmes. Le rêve, la possibilité d’enrayer notre déclin. Hélas, là non plus, la France n’a pas su choisir.
L’insatisfaction post Hollande était telle que l’on aurait pu espérer le pays définitivement vacciné contre l’archétype de l’élite à la française. On pensait même qu’après de si funestes résultats, les membres de son équipe gouvernementale étaient personnellement carbonisés. Or, il s’agit bien de son ancien conseiller fiscal, à l’origine de sa politique confiscatoire délétère, devenu depuis son ministre de l’économie, qui a remporté l’élection ! Un énarque, ancien inspecteur des finances, issu de la filière socialiste pour corser le tout. L’exact profil tant abhorré. Le symbole même de ce qu’il fallait éviter.
Election de Emmanuel Macron, perseverare diabolicum
Il semble que l’absence de programme précis, le candidat Macron estimant sans rire que cet accessoire n’avait rien à faire « au cœur d’une campagne électorale », n’ait même pas nui à son élection ! Sur quoi donc se sont déterminés les électeurs ? C’est un mystère, un mystère d’autant plus épais que l’artificielle conjonction des évènements à l’origine de sa victoire n’a pas soulevé la moindre vague, si l’on excepte l’appel des treize juristes, et de quelques autres universitaires du droit, seuls à avoir réagi contre ce fameux « coup d’état constitutionnel » au milieu d’un consentement médiatico-idolâtrique à couper au couteau.
Qu’un candidat à l’élection présidentielle, pour des faits connus depuis 20 ans, soit en effet mis en examen en pleine campagne par une entité qui ne dépend pas de la Justice mais de l’Elysée est incroyable. Comme l’a déploré maître Dupont-Moretti (pourtant sympathisant de gauche), il y a au minimum un problème de « séparation des pouvoirs ». Que l’enquête soit réalisée au mépris de la loi, avec la communication à la presse des PV d’auditions, est tout simplement hallucinant. Mais que le Conseil constitutionnel n’ait même pas bougé le petit doigt, là, c’est totalement énigmatique[1]. Bienvenue en France, nouvelle république bananière.
On ne saura sans doute jamais si ce coup d’état était orchestré par les amis politiques de Macron, ou simplement destiné à évincer un candidat qui n’était pas du sérail (socialiste). Quoi qu’il en soit, depuis son élection miraculeuse, Macron n’a strictement rien réalisé d’important contre les handicaps majeurs de notre pays. Ainsi, tel le retour du refoulé freudien, le candidat socialiste furtif de 2017 s’est révélé au grand jour, découvrant un pot-aux-roses truffé d’épines : hausse des impôts, diversification des moyens de confiscation, absence de la moindre économie sur le train de vie de l’Etat, absence de réformes de nature à relancer notre compétitivité défaillante[2]. Une filiation des plus classiques finalement. Un quasi clone de Hollande.
Le gouvernement Macron semble d’ailleurs passer la plupart de son temps à rechercher de nouveaux moyens pour renflouer les caisses. Du financement de la taxe illégale de 3% aux grandes entreprises en passant par le recrutement d’une flotte de 440 radars mobiles sur les routes, sans oublier la hausse de la CSG et le prélèvement des impôts à la source, son gouvernement fait preuve d’une créativité débordante. Une créativité, à la mesure de sa crispation idéologique sur cette satanée « création de richesses », pierre angulaire de la réussite économique et sociale, mais hélas véritable « impensé » de la gauche. Phénomène étrange : une seule catégorie de Français semble avoir échappé à cette pulsion confiscatoire atavique : les grandes fortunes hors immobilier. Pourquoi eux et pas les autres ? Mieux vaut ne pas imaginer pour quelle obscure raison.
Malgré l’astucieux rebranding « En marche », la filiation socialiste de Macron apparaît donc pleine et totale, embarquant avec elle une idéologie laïciste derrière laquelle on devine cette tradition anticléricale toujours en vogue à gauche. A la différence toutefois d’une énergie brouillonne qu’on ne connaissait pas chez son prédécesseur au surnom un tantinet lymphatique de Flamby. Heurter les Allemands en leur demandant d’abandonner « leur fétichisme de l’excédant budgétaire », puis indigner les Italiens en leur donnant des leçons en matière d’accueil de migrants est typique en effet de ce « nouveau monde » et de ses dérapages incontrôlés. Avec Macron, l’orgueil du haut fonctionnaire s’exprime sans retenue, son arrogance dégouline sur les micros et les caméras du monde entier. Avec Macron, les mots sont au service de sa psyché désinhibée et de son besoin non pas de comprendre le réel tel qu’il est, mais de le triturer. Et avec Macron, bien évidemment, l’économie continue de s’enfoncer.
L’affaire Benalla permet d’en savoir un peu plus sur l’absence de scrupule du personnage, sentiment qui exactement comme chez Hollande ne semble pas faire partie de la panoplie psychique. Au lieu de s’excuser et de prendre des mesures de nature à ne plus jamais reproduire cette insane affaire de barbouzes, Macron s’en est sorti par un pied de nez consternant de bassesse : « Le responsable, c’est moi…/… S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher ».
Triste bilan
Avec le ratage complet de son mandat, l’élection de Hollande avait permis de découvrir que le pire des incompétents pouvait se faire élire à la tête du pays. Avec Macron, ce ne sont pas seulement les électeurs qui sont en faute, mais tout le système politico-médiatique qui les a manipulés : l’Elysée, le PNF, la presse. Car c’est bien l’ensemble du système qui a participé à l’éviction du seul candidat sérieux. Et ceci pour une présupposée affaire de corruption dont l’auteur, plus d’un an après sa mise à mort médiatique, se trouve toujours sous le coup de la présomption d’innocence.
L’élection présidentielle de 2012 n’était pas glorieuse. Mais que penser de celle de 2017 ? Ne ressemble-t-elle pas à un suicide collectif organisé avec l’assentiment aussi benêt que moutonnier de l’ensemble du système ? Dans ce cas, il n’y a plus grand chose à espérer : c’est le pays tout entier qui se saborde. Alors, le plus vite sera le mieux.
[1] Selon son site officiel, outre le respect de la Constitution, le Conseil a pourtant la responsabilité de « juger de la régularité des consultations nationales que sont l’élection présidentielle, le référendum, les élections législatives et sénatoriales (art. 58, 59 et 60 de la Constitution) ».
[2] en dehors d’une petite réformette du droit du travail qui ne pourra pas grand-chose à elle seule et qui se garde bien de toucher au secteur public.
6 août 2018 6 h 53 min
Vous oubliez qu’en 2012, Hollande n’était que le remplaçant de Strauss-Kahn, le candidat du « système ». Mais la rencontre malheureuse avec une femme de ménage à New-York, a tout gâché. L’aventure aurait eu lieu à Paris, personne n’en aurait rien su, et il aurait été élu !
Cette erreur a été corrigée en 2017 avec l’élection de « Macron le Dynamiteur », grâce à » Le Casse du Siècle ».
Mais Macron ,à son tour a l’air de poser des petits problèmes, car le « système » a besoin d’une « démocratie apaisée », et là, elle commence à faire trop de vagues.
Alors, si cela ne s’arrange pas, qui, le système va-t-il faire élire ? Le mieux, serait de le demander à Jacques Attali ou Alain Minc !
6 août 2018 9 h 44 min
Je ne vois pas trop le rapport avec Strauss-Kahn. DSK n’était pas présent pendant la campagne à cause de son affaire, il n’était pas candidat, et ce n’était même pas sûr qu’il se serait présenté à la présidentielle sans cette affaire. S’il s’était présenté, il aurait certainement été élu mais vous, vous oubliez que l’article n’est pas un article de science fiction, mais traite de ce qui s’est passé. Par ailleurs, il faut se méfier des élections gagnées à l’avance. Juppé en 2017 vous donne un parfait exemple… Concernant Attali et Minc, tous deux énarques sulfureux, ils ont peut-être aidé à l’élection de Macron car ce sont tous trois des technocrates, issus de la même école de hauts fonctionnaires, aussi peu aux faits du réel économique que des besoins du pays 🙂
6 août 2018 15 h 04 min
Vous ne voyez pas le rapport entre Macron et Strauss-Kahn ? La moitié de l’état-major de Macron quand il a quitté Bercy pour préparer l’élection présidentielle était composée de « strauss-khanien » (voir « le casse du siècle » sur LCi). De même que Juppé a donné son aval à Macron pendant la campagne électorale pour qu’il intègre E.Philippe.
6 août 2018 15 h 53 min
Vous ne parlez pas du même rapport que le commentaire précédent. Je ne vois encore moins ce que vient faire DSK dans la victoire de Macron : tous les soutiens de Macron étaient des socialistes, pas étonnant à ce qu’on retrouve des strauss-khaniens dans son staff. On retrouve également des Hollandais, des socialistes de droite (proche de Juppé)… REM n’est que le rebranding d’un PS moribond.