21 Sep 2018

France : un plongeon si collectif

Category: Leaders (politicards),Société (pervertie)Léo @ 19 h 23 min

 

Sans doute est-ce parce qu’ils ne flattent pas notre orgueil national que certains indicateurs sont peu commentés. Or, ceux-ci devraient au contraire nous alarmer : nous avons perdu toutes nos dernières guerres, nos parts de marché mondiales industrielles sont en chute libre, notre richesse per capita recule par rapport au reste du monde…

Hélas, comme si cette liste n’était pas assez lourde, il en va tout autant du processus démocratique, complètement à la dérive depuis une dizaine d’années, preuve criante de l’avachissement de notre société. D’élection présidentielle en élection présidentielle, le pays se trompe de candidat et s’enfonce dans le ventre mou de la régression.

Election de François Hollande, errare humanum est

Rappelons-nous pourquoi un homme si peu taillé pour la fonction de président comme lui a été miraculeusement élu. Pour deux raisons très simples : parce qu’il promettait de prendre l’argent dans la poche des riches, et parce que son adversaire était détesté. Mais au juste, pourquoi Hollande s’était-il retrouvé candidat ? Tout naturellement parce qu’il avait grenouillé parmi le cercle des mitterrandiens puis, grâce au jeu des conflits internes, s’était fait introniser premier secrétaire du Parti Socialiste. Aucune expérience concluante ne pouvait justifier sa candidature, bien au contraire : la mise à sac des finances de Tulle, épisode peu glorieux de sa carrière professionnelle, aurait dû au contraire servir de repoussoir. Et bien non.

Inutile de rentrer dans le détail des résultats chiffrés de son mandat de président, son règne se résume à ce constat accablant : la France a été le seul pays qui a décroché par rapport au reste de l’Europe au moment de la reprise économique qui a suivi la crise bancaire. Et non content d’accroître considérablement le chômage et de bloquer la croissance pendant que tout cela s’améliorait chez nos voisins, Hollande a même réussi la gageure d’augmenter les impôts et d’accroître la dette de l’Etat ! Avec pour résultat final un gâchis monumental. Des fortunes et les efforts des contribuables français pressurés ont été engloutis dans le terrible broyeur de son incompétence socialiste.

L’intéressé serait-il ravagé par le sentiment d’échec et la honte d’une telle catastrophe ? Que nenni, l’homme se revendique un « honnête président », après avoir pourtant menti sur les chiffres du chômage. Il semble même que  l’animal politique prépare son retour, en donnant des interviews à des médias qui, au lieu de le considérer pour ce qu’il est, couvrent sa relation avec Julie Gayet ou son sentiment vis-à-vis de son successeur à l’Elysée.

Dans un pays pragmatique et non endormi, Hollande serait probablement mis à l’index, critiqué, conspué. Certainement pas invité sur les plateaux télévisés autrement que pour s’excuser platement de son bilan devant les millions de chômeurs et de pauvres qu’il a envoyés au tapis…

Après la bévue électorale de 2012, la France avait toutefois l’occasion de se refaire en 2017. Un espoir était même envisageable car à côté des neufs candidats aux programmes quasi communistes (FN compris) et du candidat socialiste masqué, se présentait enfin un homme politique porteur d’un projet économiquement libéral, construit sur un diagnostic factuel de nos problèmes. Le rêve, la possibilité d’enrayer notre déclin. Hélas, là non plus, la France n’a pas su choisir.

L’insatisfaction post Hollande était telle que l’on aurait pu espérer le pays définitivement vacciné contre l’archétype de l’élite à la française. On pensait même qu’après de si funestes résultats, les membres de son équipe gouvernementale étaient personnellement carbonisés. Or, il s’agit bien de son ancien conseiller fiscal, à l’origine de sa politique confiscatoire délétère, devenu depuis son ministre de l’économie, qui a remporté l’élection ! Un énarque, ancien inspecteur des finances, issu de la filière socialiste qui plus est. L’exact profil tant  abhorré. Le symbole même de ce qu’il fallait éviter.

Election de Emmanuel Macron, perseverare diabolicum

Il semble que l’absence de programme précis, le candidat Macron estimant sans rire que cet accessoire n’avait rien à faire « au cœur d’une campagne électorale », n’ait même pas nui à son élection ! Sur quoi donc se sont déterminés les électeurs ? C’est un mystère, un mystère d’autant plus épais que l’artificielle conjonction des évènements à l’origine de sa victoire n’a pas soulevé la moindre vague, si l’on excepte l’appel des treize juristes, et de quelques autres universitaires du droit, seuls à avoir réagi contre ce fameux « coup d’état constitutionnel » au milieu d’un consentement médiatico-idolâtrique à couper au couteau.

Qu’un candidat à l’élection présidentielle, pour des faits connus depuis 20 ans, soit en effet mis en examen en pleine campagne par une entité qui ne dépend pas de la Justice mais de l’Elysée est incroyable. Comme l’a déploré maître Dupont-Moretti (pourtant sympathisant de gauche), il y a au minimum un problème de « séparation des pouvoirs ». Que l’enquête soit réalisée au mépris de la loi, avec la communication à la presse des PV d’auditions, est tout simplement hallucinant. Mais que le Conseil constitutionnel n’ait même pas bougé le petit doigt, là, c’est totalement énigmatique[1]. Bienvenue en France, nouvelle république bananière ?

On ne saura sans doute jamais si ce coup d’état était orchestré par les amis politiques de Macron, ou simplement destiné à évincer un candidat qui n’était pas du sérail (socialiste). Quoi qu’il en soit, depuis son élection miraculeuse, Macron n’a strictement rien réalisé d’important contre les handicaps majeurs de notre pays. Ainsi, tel le retour du refoulé, le candidat socialiste furtif de 2017 s’est révélé au grand jour, découvrant un pot-aux-roses truffé d’épines : hausse des impôts, diversification des moyens de confiscation, absence de la moindre économie sur le train de vie de l’Etat, absence de réformes de nature à relancer notre compétitivité défaillante[2]. Un quasi clone de Hollande. Peut-être même en pire, si l’on considère le coût du fiasco de la transformation de la SNCF, transformation pourtant annoncée avec tambours et trompettes, comme si on pouvait rendre une entreprise efficace juste en changeant le statut de son personnel, et sans se soucier de ses syndicats, de son personnel et de son histoire. Au bas mot, 790 millions d’euros perdus en grèves ! Pour rien. Strictement rien.

Totalement dépassé, le gouvernement Macron semble d’ailleurs consacrer la plupart de son activité à rechercher de nouveaux moyens pour renflouer les caisses. Du financement de la taxe illégale de 3% aux grandes entreprises en passant par le recrutement d’une flotte de 440 radars mobiles sur les routes, sans oublier la hausse de la CSG et le prélèvement des impôts à la source, son gouvernement fait preuve d’une créativité débordante. Une créativité à la mesure de sa crispation idéologique sur cette satanée « création de richesses », pierre angulaire de la réussite économique et sociale, mais hélas véritable « impensé » de la gauche. Phénomène étrange : une seule catégorie de Français semble avoir échappé à cette pulsion confiscatoire atavique : les grandes fortunes hors immobilier. Pourquoi eux et pas les autres également ? Mieux vaut ne pas imaginer pour quelle obscure raison.

Malgré l’astucieux rebranding « En marche », la filiation socialiste de Macron apparaît donc pleine et totale, à la différence toutefois d’une énergie brouillonne qu’on ne connaissait pas chez son prédécesseur au surnom presque lymphatique de Flamby. Heurter les Allemands en leur demandant d’abandonner « leur fétichisme de l’excédant budgétaire », puis indigner les Italiens  en leur donnant des leçons en matière d’accueil de migrants est typique en effet de ce « nouveau monde » et de ses dérapages incontrôlés. Avec Macron, l’orgueil du haut fonctionnaire s’exprime sans retenue, son arrogance dégouline sur les micros et les caméras du monde entier. Avec Macron, les mots sont au service de sa psyché désinhibée et de son besoin non pas de comprendre le réel tel qu’il est, mais de le triturer. Et avec Macron, hélas, l’économie continue de s’enfoncer.

L’affaire Benalla permet d’en savoir un peu plus sur l’absence de scrupule du personnage, sentiment qui exactement comme chez Hollande ne semble pas faire partie de la panoplie psychique. Au lieu de s’excuser et de prendre des mesures de nature à ne plus jamais reproduire cette insane affaire de barbouzes, Macron s’en est sorti par un pied de nez consternant : « S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher ». A ce manque de scrupule s’ajoute une condescendance pour le petit peuple qui inquiète : « Je traverse la rue, je vous en trouve du travail » est non seulement faux, mais parfaitement méprisant de la part d’un président qui n’entreprend rien de sérieux pour redresser notre économie.

Triste bilan

Après le ratage complet de son mandat, l’élection de Hollande avait permis de découvrir que le pire des incompétents pouvait se retrouver au sommet de l’Etat. Avec Macron, ce ne sont pas seulement les électeurs qui sont en faute, mais tout le système politico-médiatique qui les a manipulés : l’Elysée, le PNF, les médias. Car c’est bien l’ensemble du système qui a participé à l’éviction du candidat dont le programme était le plus adapté à la situation du pays.

L’élection présidentielle de 2012 n’était pas glorieuse. Avec le recul, que penser de celle de 2017 ? Ne ressemble-t-elle pas à un suicide collectif organisé avec l’assentiment aussi benêt que moutonnier de l’ensemble du système ?

 

 

[1] Selon son site officiel, outre le respect de la Constitution, le Conseil a pourtant la  responsabilité de «  juger de la régularité des consultations nationales que sont l’élection présidentielle, le référendum, les élections législatives et sénatoriales (art. 58, 59 et 60 de la Constitution) ».

[2] en dehors d’une petite réformette du droit du travail qui ne pourra pas grand-chose à elle seule et qui se garde bien de toucher au secteur public.

2 Réponses à “France : un plongeon si collectif”

  1. PATRICK DAMBRE a dit:

    Nous ne sommes pas là d’en sortir. La droite est en miettes, l’extrême droite plus diabolisée que jamais. Ce qui devrait valoir à LREM de franchir en tête la ligne d’arrivée des européennes en 2019, et de s’adjuger la Mairie de Paris en 2020.
    Il n’y a plus de débat d’idées, plus d’opposition crédible. Les magistrats, les médias, ont conquis un pouvoir exorbitant.
    La fuite des jeunes français à l’étranger n’est pas là de s’arrêter. Si j’avais 30 ans …

    • Robcla a dit:

      Il n’y a pas d’âge pour souhaiter se barrer d’un tel pays ! Même âgé, c’est une idée qui a du sens. Pourquoi assister au naufrage de son pays natal ? C’est pas vraiment agréable 🙂

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