Alors que la France accuse la plus sévère récession post covid-19 d’Europe, et que ses constructeurs auto sont fortement touchés, la CGT de la filière ne l’entend pas de cette oreille et montre les dents
Renault, PSA et l’ensemble de la filière sont durement impactés. L’objectif du plan gouvernemental est bien évidemment d’aider les principaux acteurs du secteur à surmonter l’épreuve sans trop de dégâts sociaux. Cependant, aussi incroyable que cela puisse paraître, la CGT ne semble pas faire le lien entre ce plan de sauvetage et le maintien de l’emploi.
Pour le délégué CGT de PSA, il s’agit carrément « d’argent distribué dans la poche des patrons ». Plus étonnant encore, son interview sur France Info (26/05/20) révèle à la fois une incompréhension toute marxiste-paranoïaque de l’économie et l’infantilisation quasi-syncrétique d’une centrale syndicale à qui tout est dû, hic et nunc, quel que soit le contexte !
Une incompréhension marxiste-paranoïaque de l’économie
Pour J.P.Mercier, le délégué CGT de PSA, ce plan « ne répond pas du tout à l’urgence, aux attaques sur l’emploi que le patronat de l’automobile s’apprête à exercer sur l’ensemble des salariés de la filière auto ». Ainsi découvre-t-on que l’ennemi qui s’apprête à nuire n’est pas le virus aux funestes ravages, mais bien le patronat !
D’ailleurs cette pandémie est une véritable chance pour le PDG de PSA. Tout juste n’attendait-il que cela : « Je peux vous garantir que monsieur Carlos Tavares ne va pas en rester là. Il va profiter de l’aubaine qui est la période de la crise sanitaire pour tailler encore dans les effectifs ».
Sans compter que le mécanisme économique dans son ensemble, ici en l’occurrence la relance de nature keynésienne que propose l’Etat[1], semble totalement échapper à ce représentant de la CGT : « Il y a eu beaucoup d’argent qui a été mis sur la table. Ces 8 milliards vont aller directement dans la poche du patronat de l’automobile. Mais sur l’emploi, pour les salariés, ce sont des plans de licenciements qui se profilent à l’horizon et des fermetures d’usine…/… On s’attendait de toute façon à une annonce de milliards, de cadeaux au patronat de l’automobile. On les a eus ces cadeaux. Pour les salariés, aujourd’hui, il n’y a strictement rien du tout ».
On devine très vite que ce n’est pas aux patrons qu’il fallait donner tout cet argent, mais aux ouvriers. Car c’est bien connu, l’entreprise leur appartient, la seule valeur ajoutée des usines de production leur appartient, tout comme l’avenir de celles-ci. Après tout, les patrons ne sont que des profiteurs qui ne servent à rien.
On retrouve là, telles quelles, brutes de décoffrage, les lubies marxistes : incitation paranoïaque à la haine de classe et négation de toute valeur ajoutée en dehors de celle du travailleur manuel dans son bleu de chauffe tout graisseux !
L’infantilisme d’une centrale syndicale à qui tout est dû
L’économie mondiale pourrait s’effondrer sous l’effet d’un cataclysme ou d’un tsunami géants que la CGT n’en aurait rien à faire. Elle exigerait réparation immédiate auprès des « patrons », ces ennemis héréditaires qu’elle pourchasse quoi qu’il en coûte depuis 1895[2].
Les mesures de chômage partiel prises par le gouvernement socialiste Macron-Philippe sont radicales. Elles coûtent une fortune et ont participé à infliger à la France une chute d’activité plus forte que chez nos voisins[3]. Mais ne comptons pas sur la CGT pour admettre l’existence de tels efforts, encore moins pour avouer que ceux-ci se sont sans doute avérés trop généreux.
En période de pandémie, la logique voudrait que les contributions soient réparties entre tous. Mais souvenons-nous : la CGT n’avait-elle pas déposé un préavis de grève des services publics pendant le mois d’avril, tandis que les CHU de l’Est et de Paris croulaient sous le nombre de patients nécessitant des respirateurs ? Ce caprice n’était-il pas sordide ?
Tel un être infantilisé dont les caprices sont totalitaires, la CGT est incapable de n’envisager autrement son environnement que comme une espèce d’organisme à son service. Un organisme indifférencié dont elle ne comprend strictement rien, mais qu’elle considère comme un débiteur de tout ce dont elle a besoin sur le moment.
Ce stade psychologique qui se rencontre au début de la vie a un nom : le syncrétisme. Oui, osons l’avouer, aujourd’hui, la CGT patauge en plein syncrétisme.
[1] Pour une fois, il s’agit bien d’un contexte qui nécessite un soutien de la demande car c’est la demande qui s’est subitement interrompue, du fait du confinement et des mesures de distanciation sociale. Bien évidemment, le keynésianisme n’est d’aucun effet pour résoudre les problèmes d’offre, handicap structurel de la France
[2] Au début, la CGT a du enfourcher des combats légitimes et bénéfiques. Mais quand on voit ce qu’est devenu le port de Marseille, on comprend que cette époque est révolue
[3] Le Figaro 12/05/20
29 mai 2020 3 h 38 min
Qu’ajouter de plus ? La CGT est une entreprise de démolition parfaitement assumée qui souhaite la misère la plus totale. Et c’est logique : le communisme ne prolifère que sur la misère et se meurt sur la prospérité. C’est tout.
30 mai 2020 13 h 52 min
Article publié dans Contrepoints : https://www.contrepoints.org/2020/05/29/372476-la-cgt-cible-le-plan-de-relance-automobile-pas-assez-marxiste-a-son-gout