Charisme, rhétorique et confiance en soi ne suffisent pas : depuis ses débuts, Emmanuel Macron collectionne les fiascos.
Il y a d’ailleurs un monde entre de simples erreurs, aux conséquences passagères ou minimes, que l’on peut éventuellement excuser, et de véritables ratages, aux répercussions dramatiques. Or, dès son entrée en politique, l’individu s’est illustré par cette absence de demi-mesure, donnant ainsi à ses mauvaises décisions une portée trop souvent catastrophique. Voici les faits :
La France, seul pays à s’être appauvri après la crise bancaire
Alors qu’en fin de crise il est impératif de laisser les ménages et les entreprises se refaire une santé, François Hollande décide d’augmenter fortement la pression fiscale[1]. A l’époque, Macron est le responsable de sa cellule économique puis devient son ministre de l’économie, ceci jusqu’au mois d’août 2016. Macron est considéré comme co-responsable de cette erreur contra-cyclique dont les conséquences vont se révéler funestes.
Alors que l’économie mondiale repart sur les chapeaux de roues, le seul pays européen qui ne bénéficie pas de ce rebond est la France. Quelques chiffres donnent une idée de l’ampleur des dégâts : pendant le mandat de Hollande, la France voit son nombre de chômeurs s’accroître de +1,132 millions tandis que les Allemands et les Anglais en perdent respectivement -500 000 et -400 000. Le nombre d’emplois précaires augmente de 700 000 alors qu’il reste stable chez nos voisins. Les salaires reculent de -2,1% par rapport à ceux de nos voisins. Quant à la dette publique, elle flambe de +4,1% par rapport à la moyenne européenne. Appelons un chat un chat : ce bilan est une véritable débâcle sociale pour le pays.
Un an et trois mois d’insurrection sociale des « gilets jaunes »
Depuis qu’il est président, Macron aura soulevé la rue, les gilets jaunes en l’occurrence, sur une durée record de 65 semaines, à raison d’un blocage des principaux centres urbains et de nombreux péages autoroutiers les samedis[2].
Déclenché par les limitations de vitesse (80 km/h) perçues comme du racket puis renforcé par les hausses de taxes notamment sur les carburants, ce mouvement protestataire révèle à grande échelle un climat social terriblement dégradé. Car à la différence des grèves conduites par les syndicats d’extrême gauche arcboutés sur la défense pavlovienne des privilèges de certaines corporations de fonctionnaires, les gilets jaunes sont issus de la vraie vie. Celle dans laquelle travailleurs du privé et petits entrepreneurs luttent tous les jours contre une pression fiscale de plus en plus confiscatoire. Celle dans laquelle les chômeurs et les laissés pour compte se débattent avec de moins en moins d’espoir.
N’étant pas du bon côté, les gilets jaune n’auront bénéficié d’aucune pitié de la part d’un Macron qui leur répondra au contraire avec une brutalité inouïe. Une brutalité qui incitera Amnesty International à lancer une alerte pour « de nombreux cas de recours excessifs à la force » contre les manifestants (le 17/12/18). De multiples plaintes ont été déposées contre le gouvernement et la police à l’occasion de violences qui ont fait au total plusieurs centaines de blessés graves et 8500 interpellations[3].
Incapable de calmer les émeutes, Macron les aura même exacerbées, devenant peu à peu la principale cause de celles-ci, un grand nombre de gilets jaunes réclamant sa tête. A ce jour, alors qu’il n’est probablement pas terminé, du fait des dégâts qu’il a occasionnés, ce mouvement social particulièrement profond et durable aura coûté la bagatelle de 2,5 milliards d’euros à la collectivité[4]. Un splendide échec à la fois humain, sociétal et économique.
La pseudo-réforme ruineuse de la SNCF
Difficile de faire pire en matière de réforme du mastodonte SNCF, en se mettant à dos dès le départ les syndicats pour pratiquement rien en contrepartie, si ce n’est l’arrêt du recrutement de statuts de fonctionnaires. Ce qui s’apparente à une réforme n’en est en fait que le degré zéro. Car strictement rien n’aura permis d’améliorer les méthodes de travail et l’efficience de la SNCF afin qu’elle puisse affronter le marché concurrentiel exigé par la Communauté Européenne. C’était pourtant l’objectif escompté…
Rien que pour la SNCF elle-même, ces 36 jours de grève auront coûté 790 millions d’euros[5], sans compter les conséquences induites sur l’économie. Un nouveau ratage cinglant dont le pays, hélas, n’avait pas besoin.
Une longue réforme des retraites aux forceps
La réforme des retraites fournit un autre exemple de la façon dont Macron chef d’Etat envisage le dialogue social. A force de débats aussi peu clairs qu’avisés, le gouvernement Macron a soulevé un tollé contre lui, et déclenché d’interminables grèves (SNCF, RATP, Air France, trafic aérien, etc…) qui auront paralysé le pays pendant plus d’une quarantaine de jours.
Au-delà de la rancœur qu’elle aura suscitée et que les citoyens ne sont pas prêts d’oublier, cette longue agonie de réforme qui s’achève brutalement sur un passage en force (49.3) et donc sans le moindre consensus, aura coûté plus de 15 milliards d’euros à l’économie hexagonale[6], en plus des respectivement 200 et 850 millions d’euros perdus pour la RATP et la SNCF. Saluons là aussi un magnifique échec à l’actif du président.
Des résultats économiques systématiquement inférieurs à ceux de l’UE
Après avoir totalement raté le rebond économique post crise bancaire, la France du président Macron conforte des résultats constamment moins bons que ceux de l’UE (28 pays) en matière de croissance, de taux de chômage, de prélèvements obligatoires et, ô surprise, de dette publique.
En matière de dette publique, on assiste même à une détérioration, cette même détérioration que l’on a constatée avec Hollande et qui pose toujours la même question : où passe donc l’argent de l’accroissement de l’endettement s’il n’aide même pas à améliorer les principaux ratios économiques que sont les taux de croissance, de chômage et de prélèvements obligatoires ?
En réalité, malgré des discours trompeurs et un flux ininterrompu de promesses, force est de constater que Macron a échoué sur le plan économique et ne fait que poursuivre, à un rythme simplement moins flagrant, le travail de sape de son prédécesseur.
L’incohérence gouvernementale face à la pandémie
Dernier ratage en date que l’on puisse mettre sur le compte de Macron, il n’en demeure pas moins le plus sordide car il touche non seulement à l’économie du pays, mais à la santé des Français. Et de ce côté-là, le bilan humain est tout simplement désastreux.
Plus de deux mois après l’arrivée de l’épidémie, la population attend toujours l’indispensable campagne de dépistage et les dotations en masques de protection. A la place de cela, Macron a imposé un confinement relayé par 100 000 policiers et l’obligation d’un formulaire de justification de déplacement digne d’une dictature.
Il suffisait pourtant de considérer la façon dont les pays asiatiques (en avance sur le cycle de la contagion) les plus performants s’y sont pris pour connaître les bonnes pratiques à observer : dépistage de masse, port de masque généralisé, toutes ces mesures de bon sens tellement efficaces qu’elles ont même parfois permis d’éviter le confinement de la population.
Rien de tout cela n’a été fait par le gouvernement. A l’inverse, la communication du président, de son ministre de l’Intérieur et de la porte-parole du gouvernement aura été à la fois paradoxale et dangereuse en ce qui concerne le port du masque. A tel point que le premier ministre ainsi que l’ancienne puis le nouveau ministre de la Santé ont fait l’objet d’une plainte en justice de la part d’un collectif de plus de 600 médecins.
Tout cela ne serait pas si grave si la France ne se situait pas dans le top 6 mondial du nombre de décès par millions d’habitants. On compte à ce jour[7] 19 323 morts du coronavirus, soit 302 morts par million d’habitants. Un chiffre 6 fois plus élevé que chez nos voisins allemands. Là aussi, Macron se retrouve avec un nouveau fiasco sur les bras.
Les leçons à tirer pour nous citoyens
On peut toujours espérer d’un peuple qu’il considère enfin les actes plutôt que les promesses, enfin les résultats plutôt que les discours. Macron est certes un prodige en interviews, happenings et allocutions télévisées de toutes sortes. A croire qu’il confond ces exercices oratoires avec l’art de diriger un pays vers le succès, c’est-à-dire vers le bonheur de ses citoyens. Gageons que cette longue liste de fiascos permettra d’éviter sa reconduction sur de futurs mandats politiques.
[1] De 33% par rapport à la situation laissée par N.Sarkozy (N.Lecaussin/A.LeGall IREF/Contrepoints 15/09/16)
[2] Il semble d’ailleurs que la révolte sociale ne s’est interrompue que pour des raisons de pandémie et qu’elle reprendra dès qu’elle le pourra.
[3] Source France TV Infos 16/03/2019
[4] Estimation du gouvernement (RTL 15/11/20)
[5] Capital, 20/07/18
[6] Le Point/CPME 15/01/20
[7] Worldometer 18/04/20
20 avril 2020 0 h 24 min
100% d’accord avec vous, en revanche aucun espoir pour que cela change. De Gaule : « Les Français sont des veaux », Mitterrand : « Les Français ont la mémoire courte ». Même si cela ne touche pas tous les Français, ça en touche encore beaucoup trop.
20 avril 2020 9 h 46 min
De Gaulle l’a dit en juin 1940.
Pas Mitterrand,mais Pétain: « Français, vous avez la mémoire courte ».
20 avril 2020 23 h 34 min
Si, Mitterrand l’a dit à propos des « 101 résolutions » de son programme électoral de 1981 qui n’ont évidemment pas été tenues et que son entourage craignait que les Français lui en tienne rigueur pour sa réélection de 1988.
Bon, ce n’est pas grave pour autant et j’ai, en plus, appris que Pétain l’avait dit aussi, merci.
20 avril 2020 15 h 02 min
Oui, oui, oui. Mais il reste toujours un peu d’espoir. C’est pour cela qu’il faut relater les faits, et les transmettre autour de soi !