La France souffre d’un puissant déclin économique et d’une véritable crise identitaire. Pourtant, il n’existe à ce jour aucun courant politique en phase avec ces deux défis !
Ce ne sont pourtant pas les preuves de notre déclin qui manquent, ni celles concernant les tensions qui déchirent le pays… Mais, très étrangement, l’offre politique actuelle ignore superbement les urgences du pays. De fait, il existe une énorme opportunité, tant pour notre pays que pour le parti politique qui s’en saisira. Un seul d’entre eux semble potentiellement capable de le faire…
Mais avant tout, de quoi l’hexagone a-t-il besoin ? De deux traitements complémentaires :
- une libéralisation radicale pour enrayer son déclin économique
- une réconciliation nationale autour de sa culture et de son histoire.
Voici pourquoi :
Un déclin économique induit par une étatisation galopante
Il est hélas désagréable mais particulièrement salubre de se remémorer ces quelques indicateurs qui témoignent de la gravité de la situation économique et sociale de la France :
- en PIB/habitant[1], notre pays ne cesse de reculer. De nombreux pays nous ont doublé ou s’enrichissent plus vite, et pas seulement des pays émergents comme Singapour : Irlande, Japon, Finlande, Autriche, Allemagne, Royaume Uni, Espagne et USA.
- notre part de marché industrielle mondiale a été divisée par deux en une vingtaine d’année seulement. Ce sont des centaines d’usines et des milliers d’emplois qui se sont évaporés.
- en nombre d’heures travaillées ramenées à la population en âge de travailler[2] ou en taux d’emploi par rapport à la population en âge de travailler, du fait d’un nombre toujours plus importants de chômeurs, de retraités et de travailleurs précaires, le bilan est sans appel : la France se trouve sérieusement déclassée.
- d’un point de vue humain, puisque certains considèrent encore l’économie comme une « science des riches » qui ne peut se rendre compte combien le sort des Français même pauvres ou au chômage est enviable, le taux de suicide hexagonal et celui d’épisodes dépressifs majeurs nous rappellent que notre modèle social n’est pas si fantastique. Le pays va mal, les inactifs et les pauvres ne sont pas heureux et sont hélas de plus en plus nombreux. Refuser ce constant tient de la mauvaise foi.
Hélas, loin de réformer notre économie qui est absente des marchés en forte croissance et qui ne se maintient que sur quelques rares secteurs comme le luxe ou le tourisme, les gouvernements successifs s’adonnent au keynésianisme. Mais emplois aidés, recrutements de fonctionnaires et subventions ne règlent en rien nos difficultés. Ces vieilles recettes socialistes de traitement des crises de la demande ne font que masquer les problèmes de façon tout aussi éphémère que ruineuse. Bien évidemment, la France souffre d’une grave crise de compétitivité, une crise de l’offre donc, ce qui n’a rien à voir.
Chaque année qui passe voit le déséquilibre de l’hexagone s’aggraver. Représenter 1% de la population, seulement 3% de l’industrie mais 15% des transferts sociaux de la planète (!) n’est pas une situation qui pourra durer. L’économie est en voie d’asphyxie, du fait d’une emprise écrasante de l’Etat via des prélèvements obligatoires et une dette en constante augmentation. A cela s’ajoute l’effet du mille-feuille du droit du travail et des contraintes administratives. Ce véritable carcan est à l’origine de la moindre rentabilité des entreprises hexagonales comparativement au reste de l’Europe, et bien sûr, de leur moindre propension à se développer et à recruter.
Une crise identitaire qui doit rapidement s’apaiser
A côté de ce déclin économique et social qui se concrétise de plus en plus douloureusement, et sans doute en conséquence ne serait-ce que partielle de celui-ci, la France souffre d’un autre mal dont les répercutions peuvent devenir tout aussi délétères. Deux courants d’idées s’affrontent en effet autour de l’identité nationale, des valeurs sociétales et des racines judéo-chrétiennes de notre pays : le progressisme contre le conservatisme.
Les progressistes se recrutent très largement à gauche. Ils ont comme caractéristiques d’être résolument en faveur :
- de la suppression des signes religieux (crucifix, crèches, sapins de Noël) dans le cadre d’une politique de laïcisation active de la société française, comme si des minorités religieuses ou ethniques étaient véritablement menacées sur notre territoire. Cette pulsion laïciste est d’autant plus mal vécue qu’elle ne correspond en aucune façon à un souhait de la population : 71% des Français, dont 60% des non croyants (!) sont « plutôt favorables » à la présence de crèches de Noël dans les administrations et les bâtiments publics[3]. Selon l’historien des religions Philippe Portier : « on ne parlait presque plus des racines chrétiennes depuis les années 60. Une série de sondages montre le retour en force de cette thématique »[4]. Facebook confirme à longueur de forums combien certains Français, même athées, se sentent agressés dans le fondement même de leur culture.
- de l’ouverture des frontières aux migrants indépendamment des difficultés d’insertion professionnelle et culturelles, alors même que l’hexagone n’arrive toujours pas à résorber la pauvreté et le chômage de ses propres citoyens.
- du refus de stigmatiser les attentats « islamiques », par peur de favoriser une prétendue domination des Français dits « de souche » sur les populations musulmanes. Une telle susceptibilité protectrice à l’égard d’une population qui n’est absolument pas menacée est d’autant plus paradoxale qu’elle s’est développée au fur et à mesure des crimes perpétrés sur notre sol. Il faut d’ailleurs se souvenir des réactions de rejet qui ont suivi la création du Printemps Républicain[5] dont le but n’était pourtant que de réhabiliter le débat au sein de la gauche et de stopper son déni vis-à-vis des problèmes d’insécurité.
Suppression des références judéo-chrétiennes ostentatoires, déni des problèmes d’insertion des migrants, refus de stigmatiser les attentats islamistes, tout cela constitue le déclencheur idéal des populismes, ces populismes que le président actuel ne cesse pourtant d’attiser puis de fustiger.
Ainsi, depuis quelques années, on assiste au déchirement progressif de la société française, du seul fait d’une minorité dite « progressiste » mais bruyante car affiliée au pouvoir socialiste en place, au détriment d’une majorité silencieuse, conservatrice au sens décontracté du terme, c’est-à-dire ni « catho-tradi » ni facho, mais tout simplement pas pressée de bouleverser une culture et un art de vivre français qui lui va très bien. Il est évident que ce progressisme n’est ni l’urgence du pays, ni même le souhait de la majeure partie de sa population.
L’avenir du pays converge avec celui d’un parti de type « libéral-conservateur »
Compte tenu des difficultés économiques et sociétales de l’hexagone, deux constats s’imposent aussitôt :
- la lutte contre le déclin économique passe par le libéralisme. Or le libéralisme économique est honni à gauche et par le gouvernement actuel, ce gouvernement dont la très grande majorité des ministres est socialiste, et dont la politique est toujours d’inspiration keynésienne, anti-libérale[6], abusivement redistributrice et fiscalement confiscatoire. A l’inverse, l’électorat de droite n’est pas réfractaire à la libre entreprise et à l’économie de marché, le succès du programme du candidat F.Fillon à la primaire de la présidentielle en atteste de façon indiscutable.
- la lutte contre le délitement de la culture et de la nation françaises passe par un retour à un certain conservatisme sociétal. Or ce conservatisme n’est goûté ni par l’électorat de gauche ni par le gouvernement socialiste actuel. A l’inverse, ce conservatisme « de bon aloi » semble considérablement plus répandu au sein de l’électorat de la droite[7].
En conclusion, la seule formation politique actuelle qui puisse relever ces deux défis essentiels, libéralisme économique et classicisme sociétal, et qui puisse le faire en cohérence avec son électorat naturel, se trouve être la droite républicaine.
A ce jour, cette droite républicaine n’a toujours pas enfourché ces deux combats qu’impose pourtant la nécessité du pays. Peu importe les raisons après tout. Mais une fenêtre de tir historique s’est ouverte à elle, comme si le contexte actuel lui tendait les bras. Souhaitons qu’elle prenne enfin ses responsabilités.
[1] Indicateur qui mesure la richesse moyenne par habitant
[2] A ne pas confondre avec le nombre d’heures travaillées par personne ayant un emploi
[3] IFOP/Ouest-France 12/14
[4] Libération 28/07/16
[5] Mars 2016
[6] Contrairement à ce que beaucoup pensent, le capitalisme d’Etat ou de connivence n’est pas d’essence libérale. Il est au contraire l’apanage des régimes étatistes
[7] Des droites pourrait-on dire dans ce cas là puisque droite républicaine et Rassemblement National se rejoignent sur un manque certain d’engouement pour le progressisme sociétal.
29 mai 2020 21 h 24 min
100% d’accord avec vous depuis le début jusqu’à la conclusion. Cela dit, la droite…. Oui, mais laquelle ? Lorsqu’on entend certains majors de droite parler de « planification » et du rôle « central » de l’état, j’ai malheureusement quelques doutes. En plus, la remise à niveau de la France est une tache si gigantesque qu’il nous faut aussi un(e) personnage hors du commun. C’est pas gagné.
1 juin 2020 7 h 20 min
Oui c’est bien la difficulté : trouver le leader convaincant qui pourra porter ce courant libéral-conservateur
2 juin 2020 9 h 27 min
Actuellement, il n’y a ni le programme ni le personnage… A la présidentielle de 2017, on avait pratiquement les deux mais l’Elysée a fait ce qu’il fallait pour que les étatistes restent au pouvoir
9 juin 2020 13 h 49 min
Humble quidam, spécialisé en rien, mais curieux de tout, qu’il me soit permis de donner mon avis sur une autre cause à nos maux : l’appartenance de la France à l’Union Européenne et à la zone Euro.
C’est cette appartenance qui, il me semble, conditionne les deux séries de problèmes évoquées dans cet article, que j’approuve par ailleurs entièrement.
1) Déclin économique induit par une étatisation galopante
Les GOPÉs (Grandes Orientations des Politiques Économiques), d’inspiration libérale, qui nous sont imposées par la Commission et le Conseil de l’Union Européenne, passent dans le droit français, de gré ou de force (règlement UE n° 1175/2011 de 2011). Ces GOPÉs, s’ils sont appliqués dans des pays avec un état de type libéral, sont destinées à une harmonisation entre ces pays. Mais la France est dirigée par un État qui, à l’opposé, est furieusement planiste. L’application de ces GOPÉs aboutit dans ce cas à un effet inverse de celui recherché.
Prenons l’exemple de la maîtrise des dépenses publiques de santé, pour deux pays dont les dépenses de santé par rapport au PIB sont comparables : l’Allemagne et la France.
En Allemagne, où le secteur de la Santé est très fortement privé, aussi bien au niveau des assurances-maladies que des hôpitaux, une demande d’une plus grande maîtrise des dépenses se traduira par un simple déplacement du « curseur » public-privé dans le sens « privé », et c’est tout. Les dépenses publiques baissent, les dépenses privées augmentent. Ou pas, car le marché de l’assurance-maladie privée étant soumis à la concurrence, le marché impose de fait, là aussi, une maîtrise des dépenses.
En France, où le secteur de la Santé est quasi entièrement public, aussi bien au niveau de l’assurance-maladie (notre bien aimée « Sécu ») que des hôpitaux, une demande d’une plus grande maîtrise de santé se traduira par le recrutement de fonctionnaires supplémentaires (augmentation de la masse salariale, mais aucune amélioration des soins), chargés de faire la chasse aux économies possibles pour entraîner une baisse des dépenses. Dans les hôpitaux publics, par exemple, pour le personnel non-soignant, on arrive à un ratio de 33,73% en France contre 26,12% en Allemagne (données 2016), soit près de 30% en plus pour la France, personnels qu’il faut équiper (achats d’ordinateurs au détriment de matériel médical). Donc, pour baisser la dépense, on augmente la dépense, tout en baissant la qualité du service.
2) Crise identitaire
L’État, ayant perdu la souveraineté de sa politique économique et sociale à cause des GOPÉs, se « rabat », faute de mieux, pour justifier son existence, sur les questions sociétales. D’où l’avalanche législative de ces dernières années sur, je cite en vrac : les signes religieux, la laïcité, le mariage pour tous, la PMA, le racisme, le sexisme, les migrants, l’islam, et j’en passe.
De plus, les continuels débats sur ces questions permettent de masquer les piètres résultats gouvernementaux dans tous les domaines (un exemple récent : dans un pays où la pression fiscale est une des plus élevée au monde, on aurait pu s’attendre, dans le cas de la crise sanitaire du COVID19, à autre chose que la pitoyable mascarade à laquelle nous avons assisté) et de recruter de nouveaux électeurs parmi les réelles ou supposées classes opprimées dont il prend la défense.
Une sortie de l’Union Européenne est donc la condition préalable nécessaire, mais non suffisante, à la possibilité de solution des problèmes économique et identitaire.
Quand à la sortie de la Zone Euro, elle se fera lorsque l’Euro « explosera », ce qu’il ne peut manquer de faire tôt ou tard (le plus tôt sera le mieux), nous permettant de retrouver notre souveraineté monétaire et de procéder aux ajustements nécessaires avec les économies de nos partenaires.
13 juin 2020 18 h 59 min
Bonjour, vraiment pas d’accord avec votre analyse. Au contraire même : d’abord l’Etat français n’écoute même pas les recommandations de bonne gestion de la CE. Deuxièmement, c’est grâce à la CE et à la monnaie unique, que la monnaie française n’est pas attaquée (puisque c’est l’euro) et que le gouvernement continue de vivre au dessus de ses moyens ! Comme l’a dit le prix Nobel d’économie Jean Tirole, quitter l’euro signifie au bas mot 20 à 30% de dévaluation. Bien sûr, cette dévaluation va donner un peu d’oxygène aux exportations françaises, tristement déficitaires depuis des lustres. Mais ce n’est pas ce qui va nous remettre sur les secteurs rentables et en plein développement. Le problème est TOTALEMENT français. Pour les raisons que je mentionne dans la plupart de mes articles…