Rien de plus révélateur qu’un simple tract politique de second tour des élections municipales ! A travers les promesses annoncées, mais aussi tout ce qui n’y est pas mentionné, on y découvre le fonctionnement même de notre société et les lubies qui l’agitent. Il s’agit en l’occurrence du tract de la liste toulousaine Archipel Citoyen portée par Antoine Maurice, tract clairement inspiré du programme socialo-vert d’Anne Hildalgo à Paris.
Véritable auberge espagnole puisqu’elle regroupe (entre autres) le PCF, Europe-écologie-les verts, La France insoumise et le PS, cette liste a été fabriquée de toute pièce pour le second tour, afin de déboulonner l’actuel maire Jean-Luc Moudenc sorti en tête au premier.
L’analyse de son programme nous apprend énormément sur les ressorts cachés du courant écolo-gauchiste tel qu’il se répand hélas actuellement en France :
La pensée magique décomplexée
« Garanti sans augmentation d’impôts » (sic), voici le programme d’Antoine Maurice d’Archipel Citoyen :
- Engager la création de 20 000 emplois climats : outre l’impossibilité de mesurer la réalisation d’un tel objectif puisqu’il ne consiste qu’à « engager la création » desdits emplois, et non pas de les créer, ce qui est rusé, il faut tout de même se demander comment une mairie pourrait générer 20 000 emplois. Qu’ils soient « climats » ou pas, s’il était si facile de le faire, il y a longtemps que le chômage n’existerait plus. Ce n’est bien évidemment pas mentionné[1] mais ces emplois ne peuvent donc être que des emplois « aidés », c’est à dire financés par le secteur public territorial, ce qui signifie mécaniquement une hausse des impôts à laquelle pourtant Antoine Maurice annonce s’y refuser. Il y a donc mensonge, soit dans ce refus, soit dans l’objectif lui-même.
- 100% de repas bios et locaux dans les cantines d’ici 2026 : là aussi, derrière cette promesse toute bucolique se cache des surcoûts non seulement induits par l’origine bio des aliments, mais par l’aspect logistique et organisationnel de la chose. Qui va payer une telle réorganisation des flux d’approvisionnement ?
- Rendre le pouvoir aux citoyens par des assemblées citoyennes décisionnaires : à force de mettre du citoyen partout, on en oublie l’essentiel. Comment ce surcroît de consultation publique sera-t-il organisé ? Le prospectus ne le dit pas. N’est-ce pas pourtant l’essentiel ?
- Lancer un plan d’urgence pour les transports toulousains : à l’instar du premier objectif, il ne s’agit pas d’améliorer les transports urbains, mais de « lancer un plan d’urgence ». Rien n’est d’ailleurs dit sur les transports en question, à l’exception de l’illustration qui montre un bus…
- 10 000 km de pistes cyclables sécurisées en 10 ans : il s’agit là du seul objectif précis et mesurable de la liste, ce qui en dit long sur ses priorités. On se doute que ces voies réservées aux vélos se feront au préjudice de l’automobile honnie, ce que la déclaration de l’une des colistières d’Archipel Citoyen confirme à la puissance dix : « se déplacer en voiture ne va plus pouvoir être un droit mais cela va devoir devenir une exception ». Sans compter que Pierre Cohen, ancien maire[2] se positionne contre la troisième ligne de métro. Vélo ou bus pour tous, tel semble se dessiner l’avenir !
- Encadrer les loyers pour permettre aux Toulousains de continuer à vivre dans leur ville : en test notamment sur Paris, cette mesure apparaît peu efficace. Elle n’est pas dénuée d’effets pervers, du fait des « compléments de loyer » exigés ou des inégalités géographiques que son application crée inévitablement. Sans surprise, il s’agit là encore d’une mesure coercitive, parfaitement anti-libérale[3], mais tellement symbolique…
- Végétaliser les écoles et réduire la place du béton : encore un objectif suffisamment flou, qui n’engage donc à rien de mesurable, mais simplement de nature à faire vibrer les bobos.
- Tarification vraiment solidaire pour les cantines et les transports, avec des gratuités pour les plus modestes : splendide mesure égalitariste mais qui devra être financée, ce que ne détaille pas non plus le tract.
Bicyclette, bio local et petits oiseaux
Vélo, verdure, cantines bios solidaires et emplois verts, tel est l’incroyable résumé du programme d’Archipel Citoyen. Bluffant d’ingénuité, ce programme pastoral pourrait ringardiser les projets politiques les plus aboutis s’il n’était construit sur du rêve et sur des promesses irresponsables.
Mais bien plus que le manque de détail concernant les financements nécessaires à l’atteinte des objectifs plus ou moins brumeux annoncés, c’est l’absence de plusieurs domaines pourtant essentiels à la vie de la cité qui interpellent. Car deux sujets majeurs sont les grands absents de ce programme :
- l’économie locale, dont découlent excusez du peu le nombre d’emplois, le nombre de pauvres et le niveau de vie général,
- la sécurité des citoyens, sujet particulièrement d’actualité par ces temps d’émeutes et d’incivilités.
L’idéologie gauchiste et ses « impensés » spectaculaires
Le tract d’Archipel Citoyen procède d’une vision toute administrative et marxiste de l’économie. Il apparaît en effet que :
- la seule mention relative à la création d’emplois concerne des postes « climats » créés forcément ex-nihilo par la municipalité. Les écologistes et la gauche en général ignorent le monde des entreprises et considèrent le social comme une redistribution de l’argent des riches vers les nécessiteux. Derrière le blocage des loyers, la limitation du prix des transports publics et des repas dans les cantines des écoles se tapit la même inclination à la taxation redistributrice, domaine dans lequel la France truste les premières places de l’OCDE depuis déjà des années. L’économie en souffre mais peu importe. Symétriquement, rien n’est envisagé en matière d’optimisation des ressources municipales, encore moins en matière de création de richesses. Ces domaines n’existent tout simplement pas à gauche. On dépense à tout va, grâce aux impôts. Et on infantilise les électeurs en leur montrant continuellement cette manne (qui n’est autre que la poche de plus riche que soi) comme étant la solution à la pauvreté et à l’écologie.
- la sécurité des citoyens n’est envisagée que pour les personnes fragilisées ou en situation de précarité. A l’inverse, le « vivre ensemble » n’est évoqué que sous l’angle des nouvelles formes de culture, ce qui va permettre Deux ex machina de transformer les « quartiers » en « lieux de vie » ! On croit rêver. Pas un seul mot bien sûr pour la chasse aux vandalismes et aux incivilités, pas la moindre évocation concernant la restauration de l’autorité de l’Etat et de la police. Pas même une allusion aux tensions ethniques. A gauche, ces sujets sont tout simplement tabous !
Un programme pour les gentils rêveurs
Qui ne connaît pas parmi ses proches de nombreuses personnes en résonance parfaite avec un programme aussi bisounours et bucolique que celui d’Archipel Citoyen ? Comment leur expliquer que les emplois verts sont exactement comme les autres emplois, et que lorsqu’ils sont créés ex-nihilo, ils sont autant d’impôts supplémentaires ? Comment leur expliquer que c’est dans une société de libertés individuelles d’entreprendre et de s’enrichir que l’écologie aura les meilleures chances de se développer ? Comment leur expliquer que les nombreux pays qui s’en sortent nettement mieux que la France procèdent de façon beaucoup plus libérale ? Comment leur expliquer que ce libéralisme qu’elles assimilent au matérialisme et au capitalisme, est une philosophie basée sur les libertés individuelles, l’égalité des individus devant le Droit, et la limitation des règles, des contraintes et des impôts de toutes sortes ?
[1] S’il s’agissait de mesures incitatives à la création d’emplois, le dépliant le détaillerait, et cela ne viserait pas forcément que le seul domaine de l’écologie. Car une entreprise écologique est une entreprise comme une autre : soit elle gagne de l’argent et recrute, soit elle ferme.
[2] A la fin de son mandat, Pierre Cohen (PS) a laissé une ville ruinée, ce qui ne l’a pas empêché de faire 6% au premier tour, et de se retrouver sur la liste d’Antoine Maurice.
[3] Mesure que l’on peut éventuellement comprendre dans des contextes extrêmes, ce qui n’est pas le cas sur Toulouse, ville encore relativement bon marché pour la 4ème de France et compte tenu de son attractivité.
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