Moins de trois mois nous séparent des élections présidentielles. A la différence du scrutin de 2017, il semble que la situation socio-économique française se soit enfin invitée dans la campagne. Ce qui n’empêche pas l’habituelle surenchère idéologique chez bon nombre de candidats en lice. En atteste le récapitulatif des programmes des candidats, récapitulatif réalisé et mis à jour par l’IFRAP sur son site web[1].
Cet excellent outil de démocratie que nous fournit l’IFRAP nous montre une fois de plus, sans fard, l’inventivité des antilibéraux, et cette incroyable capacité qu’ils ont à déformer voire à ignorer le réel dans le seul but de pouvoir conserver leurs vieilles lunes marxistes.
Ce marxisme s’est certes plus ou moins mâtiné de verdure écologique et d’une morale soi-disant progressiste, mais il n’en demeure pas moins hors sol et profondément liberticide. Voici le hit-parade des candidats les plus antilibéraux, top-cinq calculé parmi l’ensemble des candidats dont le programme est détaillé sur le site de l’IFRAP[2].
The winner is…
Jean-Luc Mélenchon, vainqueur sans partage
La première place du candidat communiste est à la fois écrasante et solide. Il n’existe pas une rubrique dans laquelle son programme ne contienne pas des mesures dirigistes ou dangereusement collectivistes. Mais plutôt qu’une longue synthèse, voici quelques extraits parmi les plus inquiétants :
-bloquer les prix des produits de première nécessité ; encadrer les prix alimentaires ;
-rétablir et renforcer l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ;
-augmenter les droits de succession sur les gros patrimoines et créer un héritage maximum pour les fortunes les plus importantes ;
-taxer les entreprises ayant profité de la crise sanitaire ;
-interdire aux ministres et préfets d’assister à des cérémonies religieuses ;
-rendre obligatoire un « permis de louer » dans toute la France ;
-encadrer les loyers partout sur le territoire ;
-réquisitionner les logements vides et les remettre sur le marché ;
-rétablir la retraite à 60 ans ;
-interdire le dépôt de brevets sur les médicaments et les équipements nécessaires à une réponse sanitaire urgente ;
-renationaliser la SNCF, refuser la libéralisation et la mise en concurrence du transport ferroviaire ; nationaliser les autoroutes et les aéroports stratégiques ;
-supprimer les lignes aériennes quand l’alternative en train est inférieure à 4h ;
-supprimer l’obligation d’accepter une soi-disant « offre raisonnable d’emploi » ;
-rétablir immédiatement la durée légale hebdomadaire à 35 heures ;
-interdire les licenciements boursiers et le versement de dividendes dans les entreprises ayant recours à des licenciements économiques ;
-remettre en cause les autorisations de travail le dimanche ;
-faire voter une loi d’amnistie pour les syndicalistes, militants écologistes, associatifs et les Gilets jaunes qui ont été condamnés pour leur participation à la vie publique ;
-réserver la taxe d’apprentissage aux établissements publics et interdire la délivrance de diplômes professionnels privés ;
-créer une Agence pour les relocalisations dépendant du Conseil à la planification écologique, chargée de recenser les secteurs industriels indispensables à la souveraineté nationale ; établir un plan de relocalisation pour chaque filière ou production stratégique identifiée ;
-instaurer une taxe kilométrique aux frontières de la France pour dissuader les délocalisations et l’importation de produits trop éloignés ;
-mettre fin à la cotation continue des entreprises en bourse ;
-fixer un salaire maximum autorisé pour limiter l’écart de 1 à 20 entre le salaire le plus bas et le salaire le plus haut dans une entreprise ;
-supprimer les stock-options ;
-interdire les fermes-usines ;
-interdire la chasse ;
-titulariser les précaires des trois fonctions publiques ;
-garantir des recrutements qui reflètent la diversité sociologique de la société dans les concours de la fonction publique ;
Anne Hidalgo, brillante seconde
Les propositions de la maire de Paris se distinguent de celles du gagnant par leurs imprécisions et cette impression d’amateurisme qui s’en dégage, à l’instar d’une mesure particulièrement fumeuse qui mérite d’être relevée : valoriser le travail en permettant aux salaires de remonter (sic)[3].
Parfois même loufoques, ces propositions n’en demeurent pas moins dirigistes et liberticides. Qu’on en juge :
-un million de bornes électriques supplémentaires seront déployées dans tout le pays, avec une priorité pour les zones rurales ;
-diminuer la vitesse sur les autoroutes de 130 à 110km/h ;
-création d’une taxe empreinte carbone sur le billet d’avion lorsqu’une alternative ferroviaire comparable existe ;
-abroger Parcoursup ; porter à 60% d’une classe d’âge le nombre de diplômés du supérieur ;
-généraliser l’encadrement des loyers, de manière à s’assurer que les Français ne paient pas plus d’un tiers de leurs revenus pour se loger ;
-plafonner l’âge légal de départ à la retraite aux 62 ans actuels ;
-sans modifier la durée légale (35H), inciter les entreprises qui le souhaitent à avancer vers la réduction du temps de travail ;
-les entreprises de plus de 1 000 salariés devront compter 50 % d’administrateurs salariés dans les conseils d’administration et de surveillance, ainsi que dans les comités qui en procèdent. Cette part sera de 33 % dans les entreprises de moins de 1 000 salariés ;
-augmentation de 15% des salaires invisibles (soignants, caissières, etc.) et le SMIC;
-doublement du salaire des enseignants ;
-mise en place d’un ISF afin de mettre à contribution les plus fortunés pour financer la transition énergétique. Les placements liés aux énergies fossiles seront surtaxés ;
-faire payer à chacun l’impôt en fonction de ses moyens en mettant fin au chantage à l’évasion fiscale ;
Fabien Roussel sur le podium
La troisième marche du podium des anti-libéraux paraît logique pour le candidat officiel du PCF à la présidentielle. Bien que peu nombreuses pour le moment, ses propositions se caractérisent déjà par leur radicalité.
Etablissement d’un véritable racket des riches et des entreprises sur fond d’aplanissement dirigiste des inégalités sociales, ces mesures font bien évidemment l’impasse sur les causes structurelles de ce contre quoi elles sont censées lutter. C’est du punitif pur et dur d’un côté, et de l’égalitarisme pur et dur de l’autre :
-rétablir l’ISF et le tripler ;
-doubler l’impôt sur les bénéfices des multinationales ;
-augmenter le SMIC de 20%, à 1 800 euros bruts ;
-mettre fin à ParcourSup ;
Yannick Jadot, bon quatrième
Le candidat des verts confirme son penchant pour une écologie punitive, administrée de façon étatique et autoritaire. Egalement peu nombreuses à ce jour, ses propositions surprennent par leur radicalité et l’absence de détail quant à leur financement :
-suppression de l’élevage industriel en France d’ici 2025 ;
-zéro artificialisation net des sols d’ici à 2050 ;
-interdiction de la vente de voitures diesel et thermiques classiques à partir de 2030 ;
-50 milliards d’euros de dépenses publiques supplémentaires par an : « Chaque euro sera conditionné au climat, à la justice sociale et à l’égalité femmes-hommes » ;
-développement d’une grande filière de la rénovation avec comme objectif la création de 200 000 emplois ;
Marine Le Pen, lanterne rouge du top cinq
La présidente du Rassemblement National semble avoir mis de l’eau dans son vin pour ne terminer que cinquième de ce funeste classement. Sans doute trônait-elle plus près du candidat de la France Insoumise lors de la présidentielle de 2017.
Quoi qu’il en soit, elle n’est toujours pas un parangon de libéralisme, ni de réalisme, loin s’en faut :
-retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisation ;
-nationalisation des autoroutes ;
-gratuité des trains pour jeune de moins de 25 ans, en dehors des heures de pointe
-remplacer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) par un impôt sur la fortune financière (IFF) avec les mêmes taux et seuils que l’ISF ; les œuvres d’art détenues depuis moins de dix ans seront réintégrées dans l’IFF ;
La France : un sur-moi marxiste en pleine forme
La présidentielle de 2020 semblait s’annoncer plus réaliste et moins hors sol que celle de 2017. Mais au regard de ces programmes terriblement anti-libéraux, alors que la France est pourtant sur étatisée, sur administrée et sur taxée, ce n’est pas si sûr… Les pulsions étatiques du sur-moi marxiste hexagonal peuvent hélas encore nous surprendre…
[2] Afin de réaliser une comparaison neutre et objective, les mesures anti-libérales ont été scorées, puis les totaux ont été calculés pour chaque candidat et ramenés au nombre de rubriques de l’IFRAP sur lesquels chaque candidat a donné des détails de son programme. Ceci évite de surpondérer les candidats qui ont communiqué leur programme sur toutes les rubriques (ces rubriques sont : « Social/Solidarité ; Territoires/Collectivités ; Politiques publiques ; Emploi/Economie ; Finance publique/Dette ; Environnement/Energie ; Gouvernance et République ; Fonction publique ; Fiscalité). Toutefois, le classement de la candidate Christine Taubira (6ème) est peu significatif compte tenu du faible nombre de rubriques sur lesquelles sont programme a été communiqué.
[3] Cette proposition est intéressante à analyser car elle n’est qu’une tautologie, la première proposition servant à introduire la seconde alors que ni l’une ni l’autre ne s’embarrasse des moyens pour y arriver et que chacune est le synonyme de l’autre. Cela revient à dire : augmenter le nombre d’emplois pour diminuer le chômage, ou l’inverse. C’est la preuve flagrante de l’absence de stratégie politico-économique, le travail de la candidate se limitant à énoncer des promesses agréables